Jean Rossignol

Iran
La moitié des iraniens veut abroger les lois sur le voile selon le gouvernement (chiffres de 2014)

Rouhani défie les religieux à nouveau

Traduction de l'article de Deutsche Welle : 

http://www.dw.com/en/half-of-iran-wants-to-drop-headscarf-laws-government-report/a-42462263

Le président Rouhani a publié une étude montrant à quel point l'attitude du public vis-à-vis des tenues islamiques obligatoires a radicalement changé au cours de la dernière décennie. Près de la moitié des Iraniens pense que porter un voile doit être un choix privé.

Le gouvernement iranien a publié une étude de trois ans dimanche soir, illustrant le dégoût grandissant du public pour le voile obligatoire, quelques jours après que la police ait confirmé que des dizaines de femmes avaient été arrêtées alors que les protestations contre la couverture islamique obligatoire de la tête prenaient de l'ampleur.

L'étude compare les données de 2006, 2007, 2010 et 2014 - et illustre la baisse vertigineuse du soutien aux restrictions légales sur les vêtements pour femmes, l'un des changements majeurs de la révolution islamique de 1979.

Selon le Centre pour les Etudes Stratégiques, qui fait partie du bureau du président iranien : en 2006, seuls 34% des Iraniens croyaient que le gouvernement ne devrait pas être autorisé à dicter ce que les femmes portent.

Mais en 2014, ce pourcentage avait grimpé à 49%.

"Et je suis sûr que si vous faisiez le sondage de nouveau aujourd'hui, ce chiffre serait encore plus élevé", a déclaré une femme iranienne, qui souhaitait garder l'anonymat, à Deutche Welle.

Un autre point de données intéressant montre la baisse du soutien pour vêtements religieux encore plus restrictifs. 
En 2006, 54% des personnes interrogées pensaient que les femmes devraient porter un tchador, vêtement qui entoure tout le corps, révélant seulement le visage.

En 2014, cependant, ce pourcentage avait chuté à 35%.

L'enquête a également demandé si les répondants pensaient que le gouvernement devrait porter des accusations contre les femmes qui avaient été arrêtées sans voile en public. En 2006, environ la moitié de la population pensait qu'il le devrait. Mais il y a trois ans, ce nombre était tombé à seulement 39%.

Le tour de passe-passe de Rouhani

Il peut sembler étrange à certains que le bureau du président Hassan Rouhani publie ces chiffres alors que la police religieuse iranienne intensifie sa répression contre les manifestations anti-hijab. C'est en fait la deuxième fois récemment que Rouhani utilise une telle tactique.

En décembre, Rouhani avait publié le budget du gouvernement en entier, affirmant que c'était au nom de la transparence. 
Le président avait agit comme un réformateur, et avait espéré que la colère due à son manque de changement législatif réel serait tempérée par des révélations au sujet du montant que le gouvernement était obligé de payer aux institutions religieuses et à certains de leurs employés.

Le mouvement s'est retourné contre lui et l'Iran a déclenché des protestations contre l'ensemble de la classe politique, ce qui n'avait pas été le cas depuis les lendemains de l'élection présidentielle contestée en 2009.

La colère a augmenté due à la stagnation de l'économie et des manifestations ont surgi à travers le pays, entraînant au moins 21 morts alors que les manifestants affrontaient la police.

Tandis que le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, accusait les agitateurs étrangers pour les manifestations, Rouhani a plutôt insisté pour que le gouvernement écoute ce que les manifestants avaient à dire.

Le procureur en chef de Téhéran, Mohammad Jafar Montazeri, a également reproché aux manifestants anti-hijab d'avoir été influencés par des agents ennemis.

En plus des manifestations ouvertes, les femmes ont partagé des photos d'elles-mêmes en public sans que leur tête soit couverte sur Internet.